Le sadomasochisme

En droit pénal, le consentement de la victime n'est pas un fait justificatif, notamment pour ce qui concerne les violences volontaires. En clair, on peut très bien demander à son partenaire d'être malmené et obtenir ultérieurement une condamnation s'il a frappé un peu trop fort.
Le tribunal de Gand a d'ailleurs opéré une distinction subtile, en 1997, à propos d'une relation sadomasochiste ayant dégénéré en justice, entre "frapper avec mesure" et "frapper de toutes ses forces".
Un groupe d'homosexuels britanniques a tenté de faire juger, par la Cour européenne des droits de l'homme, comme illégales les poursuites dont ils avaient été l'objet. Les cassettes vidéo de leurs ébats étaient parvenues entre les mains de la police anglaise. Mais les juges européens ont estimé que la justice anglaise n'avait pas outrepassé les droits à la vie privée des intéressés en les protégeant de risques réels de dommages corporels.
Tel n'avait pas, cependant, été le raisonnement des magistrats britanniques qui avaient, en 1996, relaxé un homme qui avait gravé ses initiales sur les fesses de sa femme, consentante, avec un couteau dont la lames avait été chauffée.
La loi est d'ailleurs sévère pour les adeptes malchanceux - ou aigris - des galipettes musclées : lorsque ces violences sont commises par le concubin ou le conjoint ou encore à plusieurs, les peines sont aggravées. Mieux vaux assouvir ses instincts fouetteurs loin du domicile conjugal.
De même l'usage d'une arme alourdit fortement les sanctions. Et, en droit pénal, la définition de l'arme est très large puisque tout objet peut devenir, quand on s'en sert pour porter des coups, ce que les juristes appellent une arme par "destination". Familiers des pinces à sein, du chat à neuf queues, du scalpel ou sécateur s'abstenir...
Dans le cas les plus graves, quand il y a mort du partenaire, la peine prévue est la réclusion criminelle à perpétuité.
Par ailleurs, il est possible d'imaginer des actions en justice devant des juridictions civiles (c'est-à-dire autres que les tribunaux répressifs) pour demander des dommages-intérêts, en cas d'accident, comme on le demanderait au voisin qui vous a laissé tomber un pot de fleurs sur la tête.
Cependant, dans la majeure partie des cas, les victimes n'osent pas porter leurs griefs sur la place publique, et donc en justice. Elles se contentent généralement d'inventer une histoire rocambolesque au service des urgences de l'hôpital, et de changer de partenaire. Le nouveau Code pénal, en créant l'infraction de tortures et actes de barbarie, met désormais à leur disposition un texte de loi ad boc.

 

© Ce texte a été tirer du livre Le Sexe et la loi, d'Emmanuel Pierrat, Edition La Musardine.

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